Il est étrange, voire paradoxal, de constater que dans notre société moderne, ceux qui sont chargés de l'immense responsabilité de cultiver l'esprit des générations futures, nos professeurs, ne sont pas les mieux rémunérés.

Comment se fait-il que nous ne mettions pas l'or à leurs pieds alors que ce sont eux qui préparent les esprits qui deviendront nos médecins, nos ingénieurs, nos leaders ? Comme l'a si bien dit Albert Einstein, "C'est l'esprit qui construit le corps".

Prenons un instant pour voyager dans le temps, à une époque où l'érudition et la connaissance étaient considérées comme des trésors précieux.

Nous voici à Athènes, la grande cité de la Grèce antique, où foisonnaient les esprits brillants. Pensez à Platon, Aristote, Socrate, Hérodote, Euclide, Hippocrate, Thucydide... Tous ces génies ont prospéré à une époque où la connaissance était reine. Comment se fait-il qu'une telle concentration de génie soit devenue si rare ?

Aujourd'hui, dans une ville comme Montréal, vous trouverez peut-être un ou deux érudits renommés. Pourquoi cette baisse drastique ?

La réponse est claire : notre société a changé de cap. Elle préfère désormais les travailleurs aux penseurs, les producteurs aux visionnaires. La clé pour survivre dans ce monde est de "faire" plutôt que de "penser". C'est un choix de société qui a des répercussions sur notre quotidien, de nos affaires à nos mariages.

C'est là que le constat est amer : notre société n'a que faire de notre bien-être individuel.

Elle nous pousse à la consommation, à l'efficacité, à la production, et non à l'épanouissement personnel, à la réflexion, à la connaissance. N'oublions pas les mots de Thoreau : "Le plus grand mal que nous faisons à nos semblables n'est pas de les haïr, mais de leur être indifférents."

Le progrès individuel est ainsi entravé par cette quête incessante de productivité, cette mécanique infernale qui a éclipsé l'humanisme.

L'Homme n'est plus au centre, il est devenu un rouage de la machine, un numéro dans une statistique. Cette vision déshumanisante du monde nous pousse à nous interroger : vivons-nous dans la Matrice ?