30.07.23

J'ai toujours eu une certaine fascination pour les jeux de stratégie, leur complexité, leur capacité à dévoiler la nature humaine à travers les coups joués. C'est alors que m'est venue cette analogie, controversée, mais non sans intérêt, qui veut que la vie soit davantage une partie de poker qu'un jeu d'échecs. Mes doutes persistent quant à sa pertinence, mais elle mérite, je pense, une considération plus approfondie.

Le jeu d'échecs est un combat entre deux esprits, une danse de stratégies où toutes les informations sont sur la table, les pièces exposées à la vue de tous. La vie, dit-on, ne serait-elle pas ainsi ? Pourrions-nous la voir comme un échiquier où chaque action est une manœuvre transparente, et où tout le monde a accès à la même information ?

À première vue, il serait tentant de dire oui, mais une analyse plus poussée révèle une réalité différente. Loin d'être un échiquier, la vie se rapproche plus de la table de poker, où l'information est privée, où le bluff est aussi important que les cartes en main, où la lecture de l'adversaire est un talent indispensable. Comme l'a dit le célèbre écrivain britannique Ian Fleming : "La vie est un jeu de cartes. La main que l'on te donne représente le destin, la manière dont tu la joues est le libre arbitre."

Si l'on prend l'exemple de l'histoire, la Deuxième Guerre mondiale peut être vue à travers le prisme de cette analogie. L'opération Fortitude, orchestrée par les Alliés, est un parfait exemple de bluff : ils ont réussi à détourner l'attention de l'Allemagne de la véritable zone d'invasion, la Normandie, en feignant une attaque sur le Pas-de-Calais. Cette manœuvre ne pourrait-elle pas être comparée à un coup de poker audacieux ?

Cependant, je reste sceptique quant à cette analogie. Car si la vie avait des règles claires comme au poker, ne serait-elle pas plus prévisible, plus facile à naviguer ? Mais la vie ne se réduit pas à une partie de cartes. Elle est imprévisible, chaotique, sans règles clairement définies.

Pour paraphraser le célèbre scientifique Richard Feynman : "La nature est sous notre nez - et pourtant, nous ne parvenons pas à comprendre comment elle fonctionne." De la même manière, la vie est un mystère, un mélange de connu et d'inconnu, de visible et d'invisible. Elle ne se laisse pas enfermer dans une simple analogie avec un jeu, fut-il de poker ou d'échecs.

Finalement, en tentant de comprendre la vie, nous ne faisons que la dépeindre à l'image de nos propres préjugés, nos expériences et nos attentes. Peut-être qu'au lieu de chercher à la définir par une analogie avec un jeu, nous devrions simplement la vivre, et accepter qu'elle échappe à notre besoin de contrôle et de prévisibilité.

Alors, qu'en pensez-vous ? La vie est-elle plus proche du poker que des échecs, ou l'inverse ? Ou est-elle quelque chose d'entièrement différent, quelque chose que nous ne parvenons pas encore à saisir ?